Règles du jeûne et de l’abstinence

« Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous. » – Luc XIII, 3.

« Pénitence! Pénitence! Pénitence! » – Notre Dame de Lourdes.

Nous présentons sur cette page une synthèse des règles du jeûne et de l’abstinence en vigueur en France, en harmonisant les différentes lois et décrets promulgués par les autorités ecclésiastiques, et en présentant les précisions communément données par les théologiens moralistes approuvés.


Jours de jeûne en France

  • Tous les jours du Carême, et en particulier le mercredi des cendres et le vendredi-saint
  • Les mercredis, vendredis et samedis des Quatre-Temps (à chaque début de saison liturgique)
  • La vigile de la Pentecôte
  • La vigile de la Toussaint (31 octobre)
  • La vigile de l’Immaculée Conception (7 décembre)
  • La vigile de Noël (jeûne anticipé au 23 décembre)
  • Il n’y a cependant jamais de jeûne le dimanche et les jours de fête d’obligation.

Précision concernant la vigile de Noël: en France le jeûne de la vigile de Noël est anticipé le 23 décembre. Si le 23 est un dimanche, alors il est anticipé au samedi 22 décembre. Si par contre c’est la vigile elle-même qui tombe un dimanche (c’est-à-dire si le 24 décembre est un dimanche) alors il n’y a pas de jeûne cette année-là (ni le 24 ni le 23) parce que le jeûne du 23 n’est que l’anticipation du jeûne du 24, qui est cette année-là inexistant, puisqu’il n’y a jamais de jeûne le dimanche.

Précision concernant les Quatre-Temps: les Quatre-Temps du printemps ont lieu la première semaine du Carême; ceux de l’été, dans la semaine de la Pentecôte; ceux de l’automne, la troisième semaine de septembre; l’hiver, la troisième semaine de l’Avent.


Jours d’abstinence de viande en France

  • Tous les vendredis de l’année
  • Les samedis du Carême
  • Les mercredis, vendredis et samedis des Quatre-Temps (à chaque début de saison liturgique)
  • La vigile de la Pentecôte
  • La vigile de la Toussaint (31 octobre)
  • La vigile de l’Immaculée Conception (7 décembre)
  • La vigile de Noël (abstinence anticipée au 23 décembre)
  • Il n’y a cependant jamais d’abstinence le dimanche et les jours de fête d’obligation.

Précision concernant la vigile de Noël: en France les mêmes principes s’appliquent que pour le jeûne quant à l’anticipation. (Cf. paragraphe précédent).


Qui est tenu au jeûne?

La loi traditionnelle du jeûne oblige ceux qui ont atteint leur 21e anniversaire, et n’oblige plus ceux qui ont atteint leur 59e anniversaire.

Personnes dispensées du jeûne:

  • Les malades et les convalescents ayant une santé délicate.
  • Ceux qui souffrent de migraines importantes ou d’insomnie notable à cause du jeûne.
  • Les femmes enceintes et celles qui allaitent.
  • Les pauvres qui ne peuvent pas avoir un repas complet à un moment de la journée.
  • Ceux qui font des travaux manuels difficiles, tels que les fermiers, les maçons, etc, s’ils travaillent au moins une grande partie de la journée. On ne peut pas cependant entreprendre un travail manuel avec l’unique intention de fuir l’obligation de jeûner.
  • Les professeurs, les enseignants, les élèves, les médecins, les avocats, les juges, etc, si le jeûne les empêche de remplir leur devoir d’état.
  • Ceux qui doivent faire un long voyage à pied ou en voiture (le conducteur). Le voyage en train ou en avion n’excuse pas, à moins de rendre impossible l’observance de l’ordre des repas.

Principe général: La loi n’oblige pas si la santé ou la capacité à travailler serait sérieusement affectée. En cas de doute, consultez un prêtre. Celui qui n’est pas obligé de jeûne peut manger de la viande autant de fois qu’il le désire, à moins que ce jour-là ne soit aussi un jour d’abstinence.

Les personnes dispensées du jeûne ou de l’abstinence sont sensées suppléer par d’autres sacrifices, des aumônes, ou des prières, bien qu’il n’y ait pas de loi obligeant à quoi que ce soit de précis.


Qui est tenu à l’abstinence?

La loi traditionnelle de l’abstinence oblige tous les catholiques à partir de sept ans.

Remarques:

  • La loi d’abstinence est distincte de la loi du jeûne; ainsi vous pouvez être dispensé d’observer le jeûne (pour des raisons d’âge ou de santé) mais encore tenu d’observer l’abstinence de viande.
  • La loi d’abstinence est beaucoup moins facilement dispensée que la loi du jeûne. Seules des raisons de santé très sérieuses peuvent en excuser la non-observance (si par exemple le médecin prescrit obligatoirement de consommer de la viande tous les jours).
  • Ceux qui n’ont pas l’usage de la raison (les petits enfants et les fous) ne sont pas tenus à l’abstinence de viande.
  • Ceux qui n’ont rien d’autre à manger sont également dispensés (par exemple un malade à l’hôpital, ou une personne âgée en maison de retraite, s’il n’y a pas de repas sans viande possible). En cas de doute, demandez conseil à un prêtre.

Détails de la loi du jeûne en France

  • Un seul repas complet est permis par jour, soit le midi ou le soir (pas le matin).
  • Une petite collation (sans viande) est permise le matin, dont la quantité de nourriture est limitée à environ 60 grammes selon l’interprétation des moralistes approuvés (soit une tartine de pain). Les breuvages habituels (café, lait, jus de fruit) sont permis.
  • Une autre collation (sans viande) est permise le soir (ou le midi, si l’on fait son repas principal le soir), dont la quantité de nourriture est limitée à environ 250 grammes, selon l’interprétation des moralistes approuvés (soit une petite assiette maigre).
  • Entre les repas, toute nourriture solide est interdite. Les produits laitiers sont interdits. Les boissons non-alcoolisées sont cependant permises (tel que le café).
  • Interrompre le repas principal pour plus d’une demi-heure sans raison serait un péché véniel; pour plus d’une heure (toujours sans raison), un péché mortel (car cela reviendrait à prendre deux repas).
  • Si quelqu’un a mangé deux repas complets un jour de jeûne, que ce soit de façon délibérée ou par erreur, il ne peut plus observer la loi du jeûne (car celui-ci est définitivement rompu pour la journée), et peut donc continuer à manger autant qu’il le veut.

Détails de la loi de l’abstinence en France

  • Les soupes avec des bouillons de viande, ou les sauces à la viande sont interdites les jours d’abstinence. Au restaurant, il faut toujours s’assurer que le soupe ne contienne pas de bouillon de viande.
  • Outre le poisson, ne sont pas considérés comme de la viande par cette loi ecclésiastique: les fruits de mer, les escargots, les grenouilles, le crocodile, la baleine, les insectes, et les animaux qui vivent principalement dans l’eau. En cas de doute, consultez un prêtre.
  • Celui qui a rompu le jeûne n’est plus tenu au jeûne pour la journée, mais en revanche celui qui a mangé une fois de la viande un jour d’abstinence est toujours tenu de ne pas en manger à nouveau (car il s’agit dans ce cas d’un précepte négatif, c’est-à-dire une interdiction, qui est enfreinte à chaque occurence).

Une obligation grave

  • Les lois du jeûne et de l’abstinence obligent sous peine de péché grave. Il peut cependant y avoir des violations seulement vénielles.
  • Manger 50 grammes de nourriture en dehors des repas un jour de jeûne, par exemple, est un péché véniel. Manger plus de 100 grammes de nourriture en dehors des repas un jour de jeûne (même étendus sur toute la journée) est un péché mortel.
  • Manger 50 grammes de viande un jour d’abstinence est un péché mortel.

La « dispense de Pie XII » est-elle une excuse valable?

De quoi s’agit-il?

Le Pape Pie XII fut profondément affligé de la guerre.

A partir de 1941, en raison de la guerre, beaucoup d’indults limitèrent la loi de l’Eglise en matière de jeûne et d’abstinence, en donnant aux évêques la faculté d’en dispenser facilement. Mais le 28 janvier 1949 un décret du Saint-Siège restaura partiellement l’observance de l’ancienne loi, en limitant les facultés de dispense accordées aux évêques. Ceux-ci ne pouvaient plus dispenser leurs fidèles de l’abstinence tous les vendredis de l’année, ni du jeûne et de l’abstinence le mercredi des cendres, le vendredi-saint, et les vigiles de l’Assomption (depuis transférée à la vigile de l’Immaculée Conception) et de Noël. De fait, il semble que tous les autres jours de jeûne et d’abstinence continuèrent d’être généralement dispensés en France par les évêques dans leurs diocèses.

Jours de jeûne et d’abstinence demeurant strictement obligatoires selon ces dispenses

Le minimum obligatoire était d’observer le jeûne et l’abstinence aux jours suivants:

  • Le mercredi des cendres
  • Le vendredi-saint
  • La vigile de l’Immaculée Conception (7 décembre)
  • La vigile de Noël (dont le jeûne et l’abstinence sont en France anticipés au 23 décembre)

En plus de cela, demeurait l’obligation de s’abstenir de viande tous les vendredis de l’année.

Pouvaient donc être dispensés par les évêques dans leurs diocèses:

  • Le jeûne du Carême dans son ensemble, à l’exception du mercredi des cendres et du vendredi-saint
  • Le jeûne et l’abstinence des Quatre-Temps
  • L’abstinence des samedis de Carême

Ces dispenses, strictement parlant, n’existent plus!

Une dispense n’existe plus quand la cause qui la motivait cesse d’exister. Tel est l’enseignement même du code de droit canonique:

Canon 86
La dispense qui concerne une série d’actes cesse de la même manière que le privilège, ainsi que par la cessation certaine et totale de la cause qui l’a motivée.

C’est pour cette raison qu’en 1949, compte-tenu du fait que la situation difficile résultant de la guerre s’améliorait, le Saint-Siège restaura en partie l’ancienne discipline, en limitant les facultés de dispense données aux évêques quelques années plus tôt.

Il est évident que nous ne souffrons plus, à l’heure actuelle, des difficultés causées par la guerre pour se nourrir convenablement. Au contraire, nous vivons aujourd’hui dans une abondance inconnue de nos aïeux. Il est donc évident que la cause qui a motivé les dispenses d’après-guerre a « certainement et totalement cessé. » En vertu du canon 86, nous ne pouvons plus nous prévaloir des dispenses décrites ci-dessus.

Strictement parlant, par conséquent, la lettre de la loi oblige les fidèles à ne pas faire cas de ces dispenses et à observer la loi traditionnelle du jeûne et de l’abstinence telle que nous l’avons présentée sur cette page.

Interprétation bénigne…

Plus besoin de jeûner grâce à Vatican II!

Compte-tenu du fait que ces dispenses ont été, de fait, renouvelées pendant plusieurs années, jusqu’à ce que les modernistes en viennent à abolir pratiquement toute loi de pénitence, et compte-tenu de la malheureuse habitude assez générale de ne plus jeûner, un catholique pourrait se croire encore aujourd’hui dispensé, en invoquant la coutume, ou en argumentant que ces dispenses continueraient encore aujourd’hui d’être concédées par les autorités compétentes (peut-être pour un autre motif ?), et en appliquant ainsi la vertu d’épikie, en l’absence de ces mêmes autorités.

Par conséquent nous ne forçons pas les fidèles (du moins ceux qui croient pouvoir ainsi se prévaloir de ces dispenses) à observer la loi traditionnelle dans toute sa rigueur sous peine de péché mortel, et nous tolérons cette opinion, dans un (vrai) esprit pastoral.

Mais il est faux de dire, par exemple, que strictement parlant la loi n’oblige plus qu’à quatre jours de jeûne en France. Au contraire, strictement parlant la loi oblige les fidèles à retourner à la pratique traditionnelle du jeûne du Carême et des Quatre-Temps. On ne pourrait s’excuser de l’observation de cette loi que par une interprétation bénigne contraire à la lettre de cette loi, en invoquant l’épikie, en supposant ainsi mieux suivre l’esprit du législateur. Or l’esprit du législateur est-il vraiment de ne plus jeûner que quatre jours par an? Permettez-nous d’en douter sérieusement.

… ou appel à la pénitence?

Nous enjoignons vivement nos fidèles à suivre la loi traditionnelle du jeûne et de l’abstinence dans son intégrité, telle que nous l’avons présentée sur cette page, et ceci pour les raisons suivantes:

Qu’en dirait le saint curé d’Ars?
  • L’interprétation stricte de la loi exige clairement le retour à la loi traditionnelle.
  • Les dispenses avaient été accordées par Pie XII en raison de la guerre et des conséquences de cette guerre. Comment donc supposer que ces dispenses continueraient d’être accordées aujourd’hui, plus de 70 ans après cette guerre, alors que nous vivons dans l’abondance de nourriture et le confort moderne?
  • N’y a-t-il pas, au contraire, bien des raisons qui exigent aujourd’hui le jeûne et la pénitence? Loin de supposer que les évêques continueraient à suspendre chaque année la loi du jeûne dans leurs diocèses respectifs, ne doit-on pas plutôt penser qu’ils demanderaient aujourd’hui aux catholiques d’être bien fidèles aux lois de pénitence de l’Eglise?
  • La débâcle de Vatican II et le triomphe du modernisme ne doivent-ils pas être attribués, en grande partie, au relâchement général de l’esprit de sacrifice et de pénitence des années 50 et 60? On ne sortira pas de cette crise affreuse sans une restauration de la pénitence traditionnelle.

Pour retrouver tous les décrets et lois en question, référez-vous à l’étude présentée ici.